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— Que c’est beau ! disait-il de temps à autre.

Je voulus l’entraîner, mais en vain. Il paraissait vissé au sol, et il ne reprit son chemin qu’après avoir assisté à la défaite de l’un des deux chiens qui alla porter sa faim ailleurs. Je remarquai qu’il était joyeux, bien qu’il contînt la manifestation de sa joie, comme il convient à un grand philosophe. Il me fit observer la beauté du spectacle, rappela le sujet de la lutte, conclut que les chiens avaient faim. Mais la privation d’aliments n’est rien auprès des effets généraux de la philosophie. Sur quelques parties du globe, le spectacle est plus grandiose. Les créatures humaines y disputent aux chiens les os et autres aliments les moins appétissants. La lutte se complique, parce que l’intelligence de l’homme entre en action, avec toute la sagacité accumulée en lui par les siècles, etc.