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CXXIX

Sans remords


Non vraiment, je n’avais aucun remords.

La première fois que je pus parler à Virgilia après la présidence, ce fut dans un bal, en 1855. Elle portait un superbe vêtement de gourgouran de couleur bleue, et présentait aux lumières la même paire d’épaules qu’autrefois. Elle n’avait plus la fraîcheur de la première jeunesse, loin de là ; mais elle était encore fort belle, d’une beauté automnale rehaussée par la nuit. Nous causâmes longtemps, sans allusion au passé. Nous sous-entendions simplement : une parole vague, un regard, et c’était tout. Quand elle partit, j’allai la voir descendre les escaliers,