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disant qu’elle voulait partir. J’obéis, et nous descendîmes. J’ai déjà dit que la colline était inhabitée. J’ai dit aussi que nous revenions de la messe, et comme je n’ai point parlé de la pluie, il est clair qu’il faisait un temps excellent et un délicieux soleil, et fort : si fort que j’ouvris aussitôt mon parapluie ; et, le tenant par le milieu du manche, je l’inclinai de façon que j’ajoutai une page à la philosophie de Quincas Borba : Humanitas baisa Humanitas… C’est ainsi que je semai les années tout le long du chemin.

Après être descendus, nous nous arrêtâmes quelques minutes, en attendant Damasceno. Il arriva, quelques minutes plus tard, entouré de parieurs qui commentaient les péripéties du combat. L’un d’eux, le trésorier des paris, distribuait de vieilles notes de dix tostons, que les gagnants recevaient avec une vive allégresse. Quant aux coqs, ils venaient dans les bras de leurs respectifs propriétaires. L’un avait la crête si sanglante et si endommagée, que je le considérai tout de suite comme le vaincu. Mais non, le vaincu, c’était l’autre qui n’avait plus de crête du tout. Tous deux ouvraient le bec, respirant avec peine, et se trouvaient sur le flanc. Les parieurs au