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nisme aurait pu atteindre à la vérité, s’il ne s’était pas amoindri par la signification galante des mythes. Rien de cela n’arrivera avec l’Humanitisme. Dans cette église, il n’y a place ni pour les aventures faciles, ni pour les chutes, ni pour les tristesses, ni pour les allégresses puériles. L’amour, par exemple, est un sacerdoce : la reproduction, un rite. Comme la vie est le plus grand bienfait de l’univers, et qu’il n’y pas de mendiant qui ne préfère la misère à la mort, ce qui est un délicieux influx d’Humanitas, il s’ensuit que la transmission de la vie, loin d’être un passe-temps galant, est l’heure suprême de la vie spirituelle. Car il n’y a vraiment au monde qu’un seul malheur : c’est de ne pas y venir.

— Imagine, par exemple, que je ne sois point né, continua Quincas Borba. Il est certain que je n’aurais pas en ce moment le plaisir de causer avec toi, de manger ces pommes de terre, d’aller au théâtre, et pour tout dire en un mot, de vivre. Note bien que je ne fais pas de l’homme un simple véhicule d’Humanitas. Non : il est à la fois véhicule, cocher et voyageur. Il est la réduction du propre Humanitas. C’est donc une néces-