tion. À ce point de vue, et quoique ses idées fussent un peu brouillées, je devinai quel était le gouvernement de sa prédilection : un despotisme tempéré, non par des chansons, comme dit l’autre, mais par les panaches de la garde nationale. Je ne pus tout de même deviner s’il préférait le despotisme d’un seul au despotisme de trois, de trente ou de trois cents. Il opinait pour le développement de la traite, et l’expulsion des Anglais. Il aimait beaucoup le théâtre et aussitôt après son arrivée, il était allé au S. Pedro voir représenter un drame superbe, Marie-Jeanne, et une intéressante comédie, Kettly, ou le Tour de Suisse. Il avait aussi beaucoup aimé la Deperini dans Sapho ou Anna Bolena, il ne se souvenait plus bien. Et la Gandiani !… celle-là oui !… Il brûlait d’envie d’entendre Ernani, que sa fille chantait, en s’accompagnant au piano : Ernani, Ernani, involami… Et ce disant, il se levait et commençait à chantonner. Tout cela n’arrivait dans le Nord que comme un vague écho. Sa fille avait un si grand désir d’entendre ces opéras ! Elle avait une si jolie voix ; et un goût ! un goût ! Quel délice de se retrouver à Rio. Il avait déjà parcouru
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