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LXXIII

Le goûter


Les lignes saugrenues dont j’ai parlé m’ont gâté un autre chapitre. Comme je ferais mieux de dire les choses d’une bonne fois, en m’abstenant de tourner autour du pot. J’ai déjà comparé mon style à la marche des ivrognes. Si cette comparaison vous choque, je me servirai d’une autre, tirée de ces agréables lunchs que nous faisions avec Virgilia dans notre petite maisonnette de la Gamboa. Du vin, des fruits, des compotes : tel était le menu. Nous mangions, c’est vrai, mais nous entrecoupions le repas de douces paroles, d’œillades, d’enfantillages, d’une infinité de ces apartés de cœur qui constituent le vrai langage ininterrompu de l’amour.