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dormira demain, puis un assassin, puis un forgeron, puis un poète, et tous béniront ce coin de terre qui leur fournit quelques illusions.

Virgilia meubla notre nid, et disposa tout suivant son instinct esthétique de femme élégante. J’y portai quelques livres, et il demeura sous la garde de Dona Placida, maîtresse supposée, et jusqu’à un certain point très réelle, de céans.

Il lui en coûta d’accepter la maison. Elle avait flairé l’intention, et elle répugnait à son rôle. Mais, enfin, elle céda. Je crois bien que tout d’abord elle en versa des larmes ; elle se faisait horreur. Il est certain, tout au moins, que pendant les deux premiers mois, elle n’osa pas me regarder en face. Elle me parlait les yeux baissés, sérieuse et renfrognée, ou avec un air de tristesse. Je voulais gagner ses bonnes grâces et sa confiance, et ne me montrais pas offensé de ses réluctances. Quand je fus parvenu à mes fins, j’imaginai une histoire pathétique de mes amours avec Virgilia, une sympathie mutuelle antérieure au mariage, la résistance du père, la dureté du mari, et d’autres passages de roman. Dona Placida n’en récusa pas une seule page. Elle ac-