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LXIX

Un grain de folie


Cette histoire me fait penser à un fou qui s’appelait Romualdo et qui disait être Tamerlan. C’était son unique manie, dont l’origine était singulière.

— Je suis, disait-il, l’illustre Tamerlan. Naguère, je n’étais que Romualdo ; mais étant tombé malade, j’ai pris tant de tartre[1], tant de tartre, tant de tartre que je suis devenu Tartare, et même roi des Tartares. Le tartre a la propriété de naturaliser les gens.

Le pauvre Romualdo ! on riait de ses réponses, mais je suppose que le lecteur n’en rira pas

  1. Tartre, en portugais tartaro, ce qui explique le jeu de mot. (Note du traducteur.)