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dernier instant de satisfaction : un des ministres d’État lui rendit visite. Je vis alors sur ses lèvres — et il me semble le voir encore, — le sourire d’un autre temps. Ses regards brillèrent d’une flamme concentrée, qui fut comme la dernière lueur d’une lampe qui s’éteint. Mais la tristesse revint : la tristesse de s’en aller sans me voir occuper le haut poste auquel j’avais droit.

— Un Cubas !

Il mourut quelques jours après cette visite, un matin de mai, entre ses deux enfants, Sabine et moi. Mon oncle Ildefonso et mon beau-frère étaient aussi présents. La science des médecins, notre tendresse, tous les soins dont on l’entoura furent vains : il devait mourir, et il mourut.

— Un Cubas !