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les règlements de l’Église et proportionnellement à leurs fautes. Quant aux laïques qui avaient deux femmes, je les séparais de la seconde et après leur avoir imposé une pénitence, je leur donnais ma bénédiction.

Apprends que, lorsqu’un Géorgien meurt, ses parents et ses amis manifestent leur douleur d’une manière plus forte que partout ailleurs, par exemple : ils se rasent la tête et la barbe, ils se déchirent la figure, ils mettent en lambeaux leurs nouveaux vêtements et endossent, à leur place, des haillons de couleur noire ou jaune, qu’ils portent pendant deux ou trois ans. Ils ne mangent ni viande ni poisson.

Les femmes coupent leurs cheveux et se déshabillent45 jusqu’à la ceinture ; elles s’égratignent et se meurtrissent la figure en poussant des cris. Elles enlèvent leurs robes habituelles et se couvrent d’un manteau grossier.

Les Géorgiens en deuil quittent leurs belles maisons et passent, plusieurs jours dans de misérables cabanes ; ils s’abstiennent complètement de manger la viande, le poisson et les fruits. Avant l’ensevelissement du corps, toutes les personnes présentes, y compris les évêques et les prêtres, se mettent à verser des pleurs exagérés ; mais ceci ne leur suffit pas : ils représentent ces scènes sauvages sur les murs de leurs églises. Je leur ai défendu ces excès autant qu’il était en mon pouvoir.

Un des grands mérites des Géorgiens est qu’on voit des maris et des femmes qui se quittent l’un l’autre de leur commun accord pour se vouer à la vie monacale. C’est ce qui explique que la plus grande partie des habitants de ce pays se compose de moines, qui avaient commencé par être des prêtres ou des laïques mariés. Leur gens riches et surtout les femmes, ainsi que leurs seigneurs avec leurs épouses, aiment à faire dire des messes pour le salut de leur âme et de celle de leurs défunts, ce qui est très méritoire. Ils le font surtout les Samedis du Grand Carême.