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des Juifs et des Grecs qui demeurent dans leur pays et se considèrent comme leurs sujets, ce qui ne les empêche pas de leur vendre leur marchandise trois fois plus cher qu’elle ne vaut. Ces marchands jouissent d’une grande estime et leur vendent souvent leurs étoffes en échange d’esclaves qu’ils revendent ailleurs à un prix très élevé. La plupart des gens riches et haut placés sont Arméniens ou Juifs, puisque tout le monde leur doit de l’argent, même les Princes et les hauts fonctionnaires. Chacun de ces riches marchands possède des esclaves et en dispose comme il l’entend, sans rendre compte à personne. Il nous est arrivé de voir en Géorgie et surtout en Gorée, des prêtres qui, après la mort de leurs femmes, s’étaient remariés ; malgré cela, on leur permettait de remplir leurs fonctions ecclésiastiques. Nous avons connu un prêtre qui, après la mort de sa femme, épousa sa belle-sœur et garda son poste de prêtre. Un autre prêtre avait été marié trois fois, et lors44qu’il devint veuf, l’évêque en fit un moine et lui permit d’officier. Tout ceci est toléré parce que les évêques se laissent corrompre par des cadeaux et parce qu’ils ne possèdent point de clergé capable de leur inculquer la crainte de Dieu. Ils n’obéissent pas à leur Catholicos et les Patriarches d’Antioche les ont toujours négligés.

Nous les avons traités sévèrement en les faisant battre en notre présence et emprisonner par les autorités.

Nous enlevions leurs ceintures selon leur usage et je les déposais, en public. Je leur défendais à jamais d’officier à l’église et nous menacions d’anathème ceux qui leur donneraient le nom de prêtre ou les inviteraient à remplir n’importe quel office religieux. Ma parole avait sur eux une influence extraordinaire, incomparablement plus grande que celle de leurs Princes, de leurs évêques et de leurs seigneurs, etc., et cela, parce que nous n’acceptions jamais de cadeaux, mais que nous châtiions les coupables selon