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grand nombre d’entre eux se sont repentis et m’ont fait le serment de ne plus vendre leurs serfs.

Lorsque j’entendais dire que quelque grand seigneur se proposait de vendre ses gens j’envoyais chez-lui quelqu’un de ma suite pour les racheter et les mettre en liberté ; en même temps j’excommuniais le délinquant.

Il y a beaucoup de brigands habiles et rusés qui se concertent d’avance pour se réunir pendant la nuit auprès d’une maison quelconque, d’où ils enlèvent plusieurs personnes qu’ils cachent pendant la journée et qu’ils entraînent nuitamment, vers un grand fleuve qui tombe dans la Mer Noire. Là ils les vendent à des marchands d’esclaves qui viennent sur de petits vaisseaux dans la rivière, ou bien à d’autres sur les grands vaisseaux de la Mer Noire.

Le plupart des Géorgiens considèrent le trafic des esclaves comme nous considérons le commerce des marchandises. Leurs femmes vendent leurs esclaves pour se faire de belles robes ou d’avoir bonne table pour cet argent. Tout ceci, comme je l’ai dit plus haut, provient de ce qu’ils voient leurs évêques et leurs prêtres faire la même chose. On nous a dit, qu’il y a quarante ans, un de leurs seigneurs qui venait de perdre ses proches parents, invita, à cause de cela, tous les prêtres et tous les diacres du voisinage : il y en avait cinquante. Lorsqu’ils eurent accompli la cérémonie funèbre et qu’ils eurent bien mangé, le seigneur les fit saisir et ordonna à ses gens de leur raser la barbe et les cheveux et de les vendre tous comme esclaves.

Quand le souverain de ce pays eut appris ce méfait, il envoya ses gens pour assassiner ce grand seigneur et piller sa maison.

Une fois, un moine de la montagne sacrée (le mont Athos) se trouvant en Géorgie avec ses camarades, passa une nuit19 dans la maison de quelques brigands, sans s’en douter. Pendant la nuit on lui rasa les cheveux et la barbe et, après