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Beaucoup de Géorgiens prennent une seconde femme du vivant de la première. Il arrive que le prêtre les marie pour la troisième fois sans même leur dire : « Comment puis-je te marier avec une autre du vivant de ta première femme ? » ou bien : « Ceci est défendu ». Point du tout, et son évêque, loin de le destituer, ne lui fait même aucune réprimande. Quand un bigame de ce genre se meurt, les prêtres lui permettent la communion, lui font des obsèques chrétiennes et disent des messes pour son âme ; et tout ceci arrive parce que le peuple voit l’inconduite des évêques et des abbés et parce que ces derniers ne leur enseignent pas les principes de la religion chrétienne. Chaque évêque et chaque abbé possède plusieurs familles attachées à l’archevêché ou au couvent, dont il est le maître absolu et sur lesquelles personne, pas même le roi, n’a aucun droit.

Le Roi et le Reine possèdent aussi des centaines de familles en servage, dont ils peuvent disposer comme bon leur semble. Tout riche seigneur et haut fonctionnaire possède un nombre fixe de familles qui lui appartiennent et dont il peut faire tout ce qu’il veut. Nous avons vu beaucoup d’entre eux vendre des chrétiens en esclavage et même des prêtres. J’ai fait amener en ma présence plusieurs de ceux qui vendent les prêtres, et après les avoir fait battre et enchaîner, je les ai forcés de racheter les prêtres qu’ils avaient vendus.

De cette manière j’ai libéré beaucoup de prêtres et un grand nombre de captifs. Je mariai les jeunes filles avec de braves gens, parce que je les considérais comme mes filles ; je restituai les garçons à leurs parents et les femmes à leurs 18maris, et j’expliquai à tout le monde que celui qui vend son semblable est un tyran ; je leur récitai à ce propos quelques passages de la Sainte Écriture, et d’autres paroles divines qui condamnent ce grand péché sans pareil.

Je menaçai de malédiction divine et d’excommunication tous ceux qui vendraient leurs semblables en servitude. Un