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lerons plus bas. Ils manquent en effet de personnes compétentes qui sachent les diriger dans le droit chemin.

Nous avons remarqué avant tout qu’ils élisent leur évêque, non pour son mérite et sa piété mais en choisissant pour cette dignité celui que leurs seigneurs désignent, un 13fils de ceux-ci encore en bas âge et qui occupera ce poste dans l’avenir. On en fait un moine, et on lui enseigne à peine à lire et à écrire. Lorsque le jeune homme a grandi et que son père a acquis quelque influence auprès du Roi ou des hauts fonctionnaires du pays, il en profite pour demander le poste d’évêque pour son fils qui le reçoit, ordinairement, sans qu’on se soucie de s’informer s’il en est digne.

Le diocèse subordonné à un évêque lui appartenant personnellement, il a le droit de disposer de ses habitants selon ses caprices ; il vend les beaux jeunes gens, les belles jeunes filles et jeunes femmes aux Turcs ou à d’autres et personne ne s’y oppose.

Il ne leur enseigne ni les principes du christianisme ni aucun devoir chrétien, et ne s’en soucie nullement. Il est même arrivé qu’un individu encore imberbe est devenu diacre, et qu’on l’a chargé, parfois, de remplir les fonctions d’évêque.

Quand leur Roi allait à la guerre il était suivi de l’évêque, des prêtres, des moines et de leurs serfs. Ils combattaient contre leurs voisins, évêques et prêtres chrétiens comme eux. Les vainqueurs réduisaient à l’esclavage les évêques et les prêtres qu’ils traitaient avec la plus grande cruauté, et qu’ils vendaient même aux Turcs et à d’autres.

Ils ruinaient les maisons de leurs ouailles qu’ils vendaient ou gardaient à leur profit en qualité d’esclaves jusqu’à ce qu’ils ne se rachetassent par une forte somme d’argent. Chaque évêque possédait un sandjak[1] indépendant. Il arrive 14souvent qu’un évêque est presque illettré.
  1. Le sandjak est une subdivision d’un vilayèt, comme on dirait le district d’une province. [Note de la trad.].