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LE DOCUMENT

rique centrale, de l’Amérique du Sud, à l’intérieur des îles Barbades, à Saint-Christophe, à Madagascar et même sur les côtes d’Asie, comme le fit le capitaine Kid, qui emplissait d’or et de bijoux des poches de cuir encore enterrées de nos jours, faute de documents précis pour orienter les recherches. Ce carnet, sans aucun doute, fut la propriété d’Edward Low, dont le pavillon noir brodé d’une tête de mort en argent — la reproduction de la marque dessinée sur la première page — était devenu la terreur de tous les navires de commerce battant n’importe quel pavillon. Car le bandit ne reconnaissait d’autre loi que la sienne.

« Edward Low naquit, je crois, à Westminster et s’attira comme pirate une renommée à faire pâlir la réputation des plus atroces forbans qui illustrèrent de leurs exploits l’étamine noire du pavillon des gentilshommes de fortune. Plus féroce que Kid, l’homme au baquet, que l’ignoble Gow, son contemporain, qui fut condamné, en 1726, à avoir le corps pressé jusqu’à ce que mort s’ensuive, Edward Low dut amasser une fortune considérable, si l’on additionne le total de ses prises. Il avait fait ses débuts avec Spriggs, alors quartier-maître à bord du sloop le Rôdeur, que commandait Lowther. Je vous donne ces quelques renseignements pour vous permettre de vous faire une idée sur le sinistre possesseur de cet émouvant petit volume.