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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

forme, j’ai tout lieu de penser qu’il s’agit de l’île de la Tortue. Pourtant, à l’époque contemporaine de ce livret, l’île de la Tortue avait été depuis longtemps abandonnée par les gentilshommes de fortune. D’un autre côté, si je tiens compte des flèches indicatrices qui se dirigent au nord-ouest vers les Bahamas, au sud-ouest vers la Vera-Cruz et au sud-est vers Caracas, l’île en question doit être, si ce n’est l’île de la Tortue, une île quelconque des grandes ou des petites Antilles, il faudra mettre cela au point. Le rébus qui vous inquiète sert en quelque sorte de légende pour cette carte, ainsi que le curieux poème en anglais du XVIIIe siècle qui occupe le cliché no 3.

― Alors ? fit Eliasar.

― Alors, mon camarade, la lecture de cette carte et la traduction de cette charmante poésie m’ont permis de me faire une opinion sur le tout. Vous avez trouvé un document, comme beaucoup de gentilshommes de fortune en établirent pour leur permettre de retrouver plus tard l’endroit exact où ils avaient caché le montant de leurs prises, le trésor, parfois inestimable, qu’ils avaient amassé au cours de leur vie. Beaucoup de ces individus terminèrent leurs jours brutalement, par autorité de justice, sans avoir pu jouir du fruit de leurs travaux. C’est ce qui explique la quantité relativement élevée de trésors enfouis çà et là, sur les côtes de l’Amé-