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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

― Enfin, où voulez-vous en venir, mon vieux, avec votre bouquin. Vous m’intriguez. Si ça vaut quarante millions, comme vous paraissez le croire, revendons-le. Je me contenterai d’un tiers dans la combinaison. Vous voyez, je ne suis pas méchant.

Krühl bourra sa pipe, l’alluma, s’assit à côté d’Eliasar qui prit le livre et le feuilleta, examinant la première page manuscrite avec des yeux de tortue devant un fer à friser.

― Vous ne voyez pas ? demanda Krühl.

― C’est écrit en anglais, mon vieux, je vous ai dit déjà une dizaine de fois que je ne connaissais pas la langue anglaise. Alors je peux toujours regarder.

― D’ailleurs fit Krühl, j’ai pris un cliché de chaque page de ce livre qui pourrait s’abîmer. Vous verrez peut-être mieux sur ces épreuves.

Il mit une épreuve devant Eliasar.

― Je vois une tête de mort sur fond noir, puis des signatures et d’incontestables traces de doigts gras.

― Bien, et sur celle-ci ?

Krühl lui tendit une autre épreuve.

― Ah ! c’est une île, dit Eliasar, une île qui ressemble à une tortue ! Dans le cas, c’est peut-être un rébus. Je vous laisse le soin d’en chercher la solution. Je connais trop ce piège. On commence en amateur et l’on finit par s’arracher