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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

― Il y a de la patte, là-dedans.

Krühl et Pointe levèrent la tête, mais ne répondirent pas.

Adrienne apporta le thé que l’étranger avala par petites gorgées.

Krühl lisait son journal. Pointe se curait les ongles avec la petite lame de son couteau de poche.

L’étranger regarda encore le panneau, la table, les chaises et le visage dévoué de la fillette servante.

― Ma malle, dit-il, arrivera vers dix heures avec la voiture du boucher. Si je ne suis pas là, vous trouverez bien quelqu’un pour vous donner un coup de main et la monter dans ma chambre ?

― Oh ! dame oui, monsieur, répondit Adrienne.

― À quelle heure mange-t-on ?

― À midi, monsieur.

― C’est normal, fit l’inconnu. Il n’y a rien à dire. Je vais aller faire un petit tour au bord de la mer. Excellent la mer, beaucoup d’iode.

Il reprit son chapeau, s’inclina devant Krühl, devant Pointe et sortit.

― Comment s’appelle ce Jésus de chaise longue ? demanda Krühl.

― Ah ! attendez… Sam… Sam… mais Mme Plœdac va vous le dire… M’dame Plœdac, comment s’appelle le nouveau monsieur ?

Mme Plœdac prit un grand registre qu’elle ouvrit. Elle regarda avec attention une page