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LE TRÉSOR

villes se tordaient sur les roches, on escalada cette crête et l’on traversa la forêt.

― En réfléchissant, dit Krühl, je pense que nous faisons fausse route, car le blockhaus indiqué sur la carte de Low n’est pas autre chose que la caverne des boîtes à sardines. En appuyant sur le nord-ouest nous devons trouver le Champignon, c’est clair, et nous sommes des idiots. Nous avons battu une partie de l’île qui n’offrait aucun intérêt. Il faut retourner d’où nous venons, s’orienter en prenant pour base la caverne, et cette fois emmener l’un des cochons avec nous. Hein ?

― Vous avez peut-être raison, répondit Heresa, dont l’attention paraissait très distraite.

La petite troupe suivit le Hollandais qui maintenant, avançait à grandes enjambées. Eliasar marchait derrière lui à quelques pas. On parcourut ainsi sans mot dire plusieurs centaines de mètres, puis tout à coup Krühl se retourna et regarda Eliasar, dont les yeux se dérobèrent : « Quoi ! quoi ! Vous ne dites rien ! » grogna-t-il. Il s’effaça pour laisser passer le « toubib ». Eliasar ouvrit la marche. Tout en marchant, il battait les buissons avec sa canne et fouillait le sol avec le bout ferré. Brusquement il se baissa, Krühl buta contre lui et faillit le renverser. Eliasar ramassa tranquillement une sorte de petit tubercule, noir comme un nez de chien. Il le cassa en deux morceaux et