Page:Mac Orlan - Le Chant de l’équipage.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

prendrons la mer. Il est stupide de poursuivre plus longtemps cette aventure. Prenez chacun une carte de l’île, nous allons essayer encore une fois de faire du bon travail. Nous partirons quand la chaloupe sera de retour avec le matelot.

Krühl paraissait plus agité que de coutume. Depuis quelques semaines, il avait complètement cessé de s’enthousiasmer sur les exploits des gentilshommes de fortune, bien qu’Eliasar lui tendît plusieurs fois l’appât destiné à amorcer une conversation imagée dans le goût de celles qui alimentaient les veillées de l’hôtel Plœdac.

― Lé gars est changé, dit Heresa, lé bougre sé présente débout au vent. On dirait qu’il se doute dé quelque chose.

― N’oubliez pas le signal convenu, répondit Eliasar. Quand je laisserai tomber mon mouchoir, vous vous éloignerez avec les matelots. Vous reviendrez sur vos pas et vous m’attendrez à côté de la chaloupe.

Krühl donna l’ordre du départ et prit la tête de l’expédition avec le capitaine Heresa. Derrière lui marchait Eliasar. Dannolt et Conrad suivaient en portant chacun une pelle et une pioche.

La sécurité de l’île étant parfaitement établie, les fusils furent laissés à bord. Heresa, Krühl et Eliasar étaient armés chacun d’un pistolet à chargeurs.

La bande contourna la caverne des boîtes à sardines, Krühl ne voulant pas rencontrer sur