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LE TRÉSOR

artificiels. Le Russe errait sur la grève, misérable, dans son costume trop large. Eliasar le compara à un pître gesticulant devant la toile peinte, d’un jardin d’apothéose sur une scène de café-concert.

Vers huit heures de la matinée, la chaloupe déborda l’Ange-du-Nord et se dirigea vers l’île.

Krühl, Heresa, Manolo, Dannolt et Conrad descendirent.

― Il faut que cette situation cesse, disait Krühl, on ne peut plus se faire obéir de cette bande de gredins. Il faut les tenir serrés, vous entendez, monsieur Heresa. Votre Gornedouin est d’ailleurs une moule. Ce n’est pas l’homme de la situation.

― Qu’est-ce qu’il y a eu hier ? demanda Eliasar. J’ai entendu du bruit à bord ?

― Ah ! rien qui puisse vous intéresser, répondit Krühl avec une brutalité surprenante.

― Trop aimable, fit Eliasar, en pinçant les lèvres.

Krühl fouilla dans la tente, ramassa quelques objets qu’il remit à Bébé-Salé en lui donnant l’ordre de regagner le navire, d’y rester et de renvoyer la chaloupe avec Rafaelito.

― C’est inutile que Bébé-Salé demeure plus longtemps ici. Nous allons explorer la partie de l’île qui s’étend derrière la caverne des boîtes de sardines, et si nous ne trouvons rien, nous re-