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LE CHINOIS

Heresa, suffoqué bégaya : « Dans ces conditions, monsieur Krühl, jé vous démande dé rentrer à bord et jé vous réconduirai dans un port quelconque à votre choix… Jé suis un marin et jé… Virgen del Carmen ! Vous mé prenez pour un garnément. »

Krühl s’adoucit immédiatement. « Ne vous fâchez pas, bouh, bouh, peuh. Je suis découragé. J’ai sillonné le bois en tous sens et je n’ai rien trouvé qui puisse me mettre sur la voie d’un des points de repère admirablement indiqués sur cette carte. Je vous demande simplement de m’affirmer que vous ne vous êtes pas trompé.

― Jé vous donne ma parole qué nous sommes sur l’île indiquée sur cette carte. Lé trésor doit être ici… Mais croyez-vous qué l’individu qué nous avons rencontré près de la caverne né soit pas au courant dé cé qui nous tourmente tous ?

― C’est un fou, répondit Krühl, nous ne pouvons rien en tirer. Depuis cinq jours que nous sommes ici, je n’ai pas encore réussi à m’expliquer sa présence ainsi que celle des deux misérables créatures que je ne veux plus voir.

― Le nègre me dégoûte particulièrement. Je n’ai rien vu de plus répugnant que ce tronc vivace et agile, approuva Eliasar.

― Lé Russe sait quelqué chose, s’écria Joaquin Heresa avec violence, il faut lé faire parler, je lé ferai parler avec une baguette rougie au feu.