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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

puisse subvenir à ses besoins. Ce n’est pas possible. D’autres hommes ou d’autres choses plus complètes doivent l’aider dans la mesure du possible. Je crois que le trésor d’Edward Low va nous révéler quelques secrets qui porteront peut-être préjudice à l’organisation délicate de nos nerfs d’Européens.

Krühl et Peter Lâffe, le machete à la main, s’avancèrent vers l’entrée de la caverne.

Une odeur à la fois violente et subtile, mais caractéristique d’opium, saisit les deux hommes aux narines.

Courbés et la carabine en avant, prêts à faire feu, ils pénétrèrent dans la caverne obscure. Krühl fit jouer sa lampe électrique, un jet de lumière blanche frappa la paroi de granit, dansa sur une pile de boîtes de conserves symétriquement rangées comme sur les rayons d’une épicerie. Dans l’angle le plus reculé de la grotte, allongé sur un lit d’herbes sèches, un homme dormait, couché sur le dos, la bouche ouverte. Krühl dirigea le jet lumineux de sa lampe sur la face du dormeur et il vit que l’homme n’avait plus de nez, plus d’oreilles. Il tenait dans ses mains décharnées une pipe à opium ; à ses côtés, sur un plateau de laque, se trouvait la boîte, la petite lampe et les aiguilles. Peter Lâffe, en voulant se retourner, accrocha du bout de son fusil une pile de boîtes qui s’écroulèrent sur le sol avec un bruit effroyable. L’homme ne se