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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

nous faut une quinzaine de jours pour la fouiller dans ses moindres recoins.

― Nous pourrions toujours emmener les cochons avec nous… insinua Eliasar.

Un peu à l’écart, le capitaine Heresa regardait au loin l’Ange-du-Nord qu’une légère brise balançait sur ses ancres.

Soudain, Conrad fit sauter du bout de sa canne ferrée un objet qu’il ramassa et regarda avec une stupéfaction sincère.

― Une boîte à sardines ! s’exclama Krühl. Chacun se rapprocha pour mieux considérer l’objet dont la présence sur ce sol leur paraissait aussi merveilleuse que celle d’un ange translucide, couronné de papier doré, escorté par des étoiles tourbillonnant autour de sa tête divine, comme un cortège de mouches familières.

― Une boîte à sardines !

Tout d’abord chacun se raccrocha à l’espoir que cette boîte appartenait à la soute aux provisions de l’Ange-du-Nord. Mais la vétusté de l’objet les obligea à repousser cette supposition consolatrice. En outre, la marque de fabrique indiquait certainement que ce vestige d’un passage d’hommes sur l’île appartenait à des individus n’ayant aucun lien de camaraderie avec les membres de l’expédition Joseph Krühl.

Le Hollandais, abasourdi par cette découverte, s’était écroulé sur une roche en tenant la boîte dans sa main. Il tremblait d’émotion.