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CHITA

Chita riait au soleil et Krühl respirait à pleins poumons la légère brise qui gonflait les voiles que l’on commençait à hisser une à une.

Bientôt l’Ange-du-Nord sous sa parure blanche apparut comme un pommier en fleurs.

Eliasar, épuisé par la fatigue et la tension nerveuse, dormait, allongé sur le pont bouleversé par les lames.

Déjà Perez, Dannolt et Fernand, remplissant l’office de charpentier, procédaient aux réparations les plus urgentes. L’Ange-du-Nord avait souffert de la tempête, mais ses blessures n’étaient pas irréparables. Deux journées suffirent pour mettre de l’ordre dans la mâture éprouvée.

― Hé, mon vieux, dit Samuel Eliasar au capitaine Heresa, il serait peut-être temps de découvrir l’île et le trésor. Cette tempête ne m’a décidément pas donné le goût des aventures nautiques. Je ne peux nier que la représentation ne fût réussie à souhait. Maintenant je suis documenté sur la question et pour cette raison je n’éprouve nullement le besoin d’assister à quelque autre scène de ce genre. Ce petit grain, comme vous avez la modestie d’appeler cette abominable fureur de la nature, s’est présenté, à mon avis, tel un avertissement du ciel afin de nous inviter à clore cette affaire par les moyens les plus rapides. Vous pouvez dire ce qu’il vous plaira. J’ai acquis cette conviction à mes dépens et je la garde. Ma résolution est prise et je vous