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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

et dégustaient béatement à l’ombre d’une voile d’étai tendue au-dessus de leur tête, la béatitude d’exister devant une boîte de bons cigares et devant des cocktails inventés par Powler. On entendait le mulâtre piler de la glace dans la cambuse.

― C’est encore ici qu’on est le mieux, déclara Krühl.

― J’étais en train de travailler pour vous et pour nous, dit Heresa. J’ai la conviction que nous allons trouver notre île. Il montra l’épreuve photographique de la carte de l’île étalée sur la table avec les autres pièces du document.

― Oui, dit Eliasar, le capitaine me disait que l’île que nous cherchons se trouve dans les petites Antilles, au nord-est de la Bourboude. Il me recommandait aussi d’être, à partir d’aujourd’hui, très discret sur les motifs de notre voyage.

― Nous l’avons toujours été, je suppose, répondit Krühl. Maintenant, devons-nous recruter tout de suite des travailleurs pour entreprendre les fouilles ?

― Naon, monsieur Krühl, attendons plutôt d’avoir découvert l’emplacement du trésor dans l’île, qué j’appélérai l’île inconnue. Commé jé lé pense, elle est peu éloignée de l’île de la Bourboude, où il y a uné population dé un millier de nègres pauvres. Jé prendrai les travailleurs qu’il faudra parmi ces imbéciles, parcé qué jé né veux