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XIV

LE SOLEIL DE CARACAS


L’Ange-du-Nord ayant évité Tobago et Grenade passa au large de l’île Margarita.

Krühl, Eliasar, le capitaine et Gornedouin, revêtus de toile blanche ou kaki, tâchaient d’apercevoir les côtes du Venezuela à travers l’aveuglante lumière d’un soleil implacable.

Bébé-Salé, que l’excessive chaleur suffoquait, s’était traîné hors de sa cambuse, comme une vieille tortue. Il tirait la langue, soufflait tel un phoque et s’éventait avec un vieux torchon.

À l’horizon, une ligne d’or semée de petits cubes blancs se dessina. Puis l’on distingua les arbres, les maisons et des détails aux couleurs somptueuses qui se détachaient, sur le fond bleu sombre des montagnes, avec la préciosité d’une fresque de Benozzo Gonzoli.

On longea la côte où des arbres puissants dressaient leurs palmes. On vit courir sur l’or de la grève, un cheval rouge qu’un enfant nu poursuivait. Puis le port de La Guayra apparut, avec ses navires, ses docks et ses grues qui