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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

bordées ! Vous voulez donc qu’ils se révoltent et mettent le feu à ce bel Ange-du-Nord !

― Je vais me coucher, conclut Eliasar.

Il descendit dans sa cabine. Derrière la cloison, il entendit Krühl souffler. Ce bruit l’agaçait prodigieusement. Selon son habitude, quand il était préoccupé, il se rongeait les ongles au point d’amener le sang.

Sur sa couchette il ne put dormir. Il se releva, ouvrit son hublot, regarda la mer, le ciel, le disque précieux de la lune qu’aucune écharpe de nuages ne voilait.

Les ronflements sonores de Krühl l’exaspéraient. Il entendit le lieutenant Gornedouin appeler les bâbordais au quart. Il se recoucha.

Allongé sur les draps, la chemise ouverte sur sa poitrine, les bras écartés en croix, il veilla jusqu’à l’aube, les yeux fixés vers le plafond de sa cabine où sa lampe dessinait un rond lumineux serti d’ombre.