Page:Mac Orlan - Le Chant de l’équipage.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
VERS L’AVENTURE

attaquèrent une chanson qui paraissait une traduction intégrale du fameux : « Halte-là, les montagnards sont là ! »

― Hé la ferme, avec vos cantiques ! commanda Fernand.

Les Suédois se turent, sauf un qui, s’apercevant qu’il chantait timidement seul, abandonna la partie.

― Dites donc, les gars, fit Fernand, les mains passées dans sa ceinture. Qu’est-ce que vous dites de la prise ?

Les Espagnols ricanèrent.

― Mon avis, c’est que le mec me dégoûte, je parle du gros, de l’armateur à la manque. Ça n’a rien dans le ventre, ces grands types-là. J’en ai knockouté qui le doublaient. Moi je ne marche pas pour qu’on se paye ma pomme. Je suis franc et je veux qu’on « soye » franc. Si le gars veut jouer ce petit jeu-là, faudra qu’il casque. Vous avez vu ça, branle-bas de combat comme sur un croiseur de bataille. Et puis plus rien. Le mec a eu les foies, je vous le dis, et puis le capitaine aussi, sans compter le toubib à la manque. En voilà un à qui je conseille de ne pas l’ouvrir de trop quand je serai là.

― Ah quoi, quoi, interrompit Bébé-Salé, je connais M. Krühl. C’est un brave homme. S’il a fait attaquer cette barque, c’est que son cas n’était point clair, dame non. C’te barque-là, Fernand, ça d’vait servir à ravitailler les sous-