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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

― Ils sont tous dressés par la nature, répondit Eliasar, mais néanmoins, j’ai préféré faire embarquer des cochons du Périgord. Le capitaine Heresa s’est chargé de l’acquisition. Il ne vous l’a pas dit ?

― Mais si, mais si, fit le capitaine. Jé vous l’ai dit à Lorient, quand nous avons embarqué la vache et les poules. Vous n’avez pas fait attention. Nous avons cinq cochons à bord dé l’Ange-du-Nord, ceux qui né serviront pas séront mangés. Rien n’est perdu.

― Mais oui, mon Dieu, suis-je bête ! répondit Krühl en se frappant le front.

Le dîner terminé, le capitaine, Joseph Krühl et le « docteur » regagnèrent l’Ange-du-Nord, dont le feu blanc s’apercevait dans la nuit.

Gornedouin, sa main dans sa poche, les attendait.

― Tout le monde est rentré ? demanda le capitaine. Les nouveaux aussi ?

― Oui, monsieur, ils sont arrivés, j’ai pris leurs noms, et je les ai répartis, deux avec les tribordais, trois avec les bâbordais.

― Cé sont de bons matelots, monsieur Gornedouin, particulièrement Pablo, jé vous lé recommande. Rafaelito est un bon matelot aussi, jé l’ai eu déjà sous mes ordres, ainsi qué Manolo. Jé connais aussi l’Italien, il s’appelle Anselmo Carra. L’autre, jé né lé connais pas, il sé nomme Perez, c’est un natif du Guatémala,