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VERS L’AVENTURE

leur engagement. Vous les verrez démain. Ils rejoindront leur bâtiment à dix heures cé soir. Ouf !

Il s’allongea sur le canapé.

― J’ai trouvé des chémises en soie bleue, commé lé ciel dé Cadix. Jé les mettrai quand nous serons à Caracas. Voulez-vous qué jé vous donne l’adresse ? Vous avez encore le temps d’aller en chercher.

― Je vous remercie, capitaine, répondit Krühl en souriant, car il se méfiait terriblement des goûts du capitaine Heresa.

― Tout est paré, maintenant, dit Eliasar. Ah ! mon cher capitaine, conduisez-nous vite à la source du Pactole.

― Pétit coquin ! Qué férez-vous dé touté cette galette ?

― Je ne sais pas… J’en ferai peut-être don à ma ville natale à charge d’instituer un prix, genre prix Montyon, pour récompenser la vertu.

Krühl et le capitaine Heresa partirent d’un puissant éclat de rire. Particulièrement, le capitaine qui, perdant la respiration, la figure inondée de larmes, agitait sa main languissante dans la direction d’Eliasar, pour lui imposer le silence, incapable de résister plus longtemps à cette crise d’hilarité.

― Il mé féra mourir, cé pétit cochon-là !

― À propos de cochon, s’exclama Krühl, il nous faut un goret, dressé à chercher les truffes.