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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

éparses, comme les morceaux mélangés d’une figure de puzzle.

― Je retiens Santander, grogna Samuel Eliasar avec amertume. Il est joli, le printemps précoce. De la flotte ! du vent !… Écoutez ce vent ?

― Aux Canaries, on se séchera un peu.

― Sur la neige, ricana le « docteur ».

― Vous n’êtes jamais content. D’abord, mon cher, nous ne sommes pas ici pour nous amuser. Et si nous n’éprouvons que des désagréments de cette nature, nous pourrons encore nous estimer heureux.

― Bien entendu, répondit Samuel. Je ne suis pas un idiot. Mais cette ville me tape sur les nerfs. Vous devez comprendre cela, c’est, je ne sais quoi… le besoin d’atteindre le but immédiatement.

― C’est l’appel de la mer, mon vieux.

Le pas sautillant du capitaine résonna dans le couloir.

― Ah le voilà ! s’écrièrent les deux hommes en se levant.

Le capitaine Heresa accrocha son caoutchouc ruisselant d’eau dans la salle de bain qui attenait à la chambre de Krühl.

― J’ai trouvé mon équipage, c’est parfait : cinq bons matelots connaissant leur métier commé dé petits anges, ah ! Virgen del Carmen ! Cé n’était pas encore facile. Je leur ai fait signer