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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

l’eau, le sillage du périscope d’un sous-marin perpétrant un mauvais coup.

C’est ainsi qu’à la tombée de la nuit, le pavillon tricolore de la marine française hissé à la corne, l’Ange-du-Nord pénétra discrètement dans le port de Santander.

― Je connais la ville, dit le capitaine Heresa. Laissez-moi m’occuper de toutés les formalités. Allez vous proméner avec lé docteur. Je vous rétrouverai cé soir à l’hôtel, nous partirons démain.

― Demain ? C’est un peu court, si nous voulons trouver du fret ? répondit Krühl.

― Nous prendrons du fret aux Canaries, à Santa-Cruz. Les bons vins deviennent rares et nous pourrons en trouver chez une personne qué jé connais.

Krühl et Samuel Eliasar se dirigèrent vers la ville, un peu inquiets l’un et l’autre de cette longue journée à vivre lentement, au milieu d’une population indifférente. Les distractions qu’ils auraient pu choisir ne se révélaient pas.

― Vivement que le capitaine en finisse avec son équipage. Nous perdons du temps, ronchonna Eliasar, de très mauvaise humeur.

― Il faut tout de même lui permettre de recruter les cinq hommes qui nous manquent.