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L’ANGE-DU-NORD

coup d’amis et personne n’est en guerre là-bas.

― D’ailleurs, capitaine, vous avez la responsabilité du navire. Vous connaissez notre but commun. Vous êtes libre d’agir selon votre expérience, en ce qui concerne la bonne conduite du bateau. Je ne me permettrais pas d’aller contre vos désirs, surtout quand ils révèlent un tel souci de prudence.

― La prudence la plus élémentaire, interrompit Eliasar qui écoutait nonchalamment, serait de reprendre le train pour l’hôtel Plœdac.

― Mon petit ami, fit Krühl, faites-nous grâce de votre pessimisme facile. Dans quelques mois vous changerez d’avis et serez le premier à me féliciter. J’aurais mauvaise grâce d’insister.

― Oh mais, je ne demande pas mieux, répondit Eliasar en souriant. Toutefois, mon cher Krühl, si je ne suis pas un « chirurgien » — puisque c’est mon titre sur le rôle de l’équipage — d’une gaîté très communicative, soyez assuré que vous me trouverez toujours à vos côtés quand vous aurez besoin de moi, quelle que soit la situation.

― Ne vous emballez pas, dit Krühl affectueusement.

― Vous avez peur des sous-marins ? demanda Heresa.

― Peur des sous-marins ? Je ne pense pas.

― Vous n’avez jamais pris la mer dans ces