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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

nœuvres de force, ne pouvait prétendre à d’autre emploi que celui assez absorbant de cuisinier. Il devait s’occuper de l’équipage et des officiers, aidé, quand les circonstances le permettraient, par le mulâtre.

― Où trouver ces cinq hommes ? répétait Krühl en se grattant la tête.

En quête de renseignements, il allait de l’un à l’autre, fouillait les petits cafés et donnait de la tête à droite et à gauche comme un hanneton dans une lanterne.

― J’ai trouvé encore cinq hommes, dit le capitaine Heresa. Mais ces hommes sont des Espagnols qui veulent bien nous conduire jusqu’à Santander pour sé faire rapatrier. Ils né veulent pas aller plus loin. Ça né fait rien. À Santander j’aurai plus dé facilités pour récruter lé reste dé l’équipage

― Ça nous éloigne, risqua Joseph Krühl.

― J’aimé mieux suivre les côtes, c’est plus prudent, à causé des sous-marins. En prenant ensuite par les îles Canaries, nous aurons la chance de traverser l’Atlantique dans sa plus pétite largeur, tout en suivant uné route peu fréquentée. Jé suis partisan du moins de risques possibles. Comprenez-vous ?

― Vous avez raison. Alors vous pensez qu’à Santander nous pourrons trouver les hommes dont nous avons besoin ?

― Ah ouais, j’en suis certain. Jé connais beau-