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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

j’te dis rien, t’entends bien, Bébé-Salé ? c’est qu’t’es trop vieux, dame oui.

Le capitaine Heresa ne resta que quelques jours chez Mme Plœdac (il partageait la chambre d’Eliasar). Krühl le rejoignit ensuite après avoir fait ses adieux à Pointe.

Eliasar partit le dernier.

― Je te rapporterai un collier de corail, promit-il à Marie-Anne.

― Vous dites cela, monsieur Samuel, mais vous ne reviendrez peut-être jamais chez nous.

Dès son arrivée à Lorient, le capitaine Heresa se hâta d’examiner son bâtiment. Il l’inspecta avec un soin minutieux ; aucun détail n’échappa à sa vigilance.

― Vous n’avez pas été volé, monsieur. Cé bateau est bien compris, jé vous en donne ma parole. Jé n’aurais pas fait mieux.

En effet, le brick-goélette, fraîchement repeint en noir et blanc, avec son grand mât gréé en goélette et son mât de misaine carré, semblait plus un yacht de plaisance qu’un navire marchand chargé prosaïquement de faire du commerce pour le compte d’une grande maison d’édition de Paris.

― C’est un bateau célèbre sur la Côte, fit Krühl, satisfait du compliment du capitaine