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L’ANGE-DU-NORD


― N’avais-je pas raison, madame Plœdac, n’avais-je pas raison quand je vous disais que Krühl avait le cerveau dérangé ? Cette fois-ci la réalité surpasse mes prévisions.

― Il faut du courage pour prendre la mer en ce moment, quand on est riche comme M. Krühl.

Désiré Pointe et Mme Plœdac, en tête à tête dans la salle à manger, jugeaient les événements qui, depuis une semaine, bouleversaient les habitudes de leur petit monde.

Adrienne, les yeux écarquillés, atteinte de mutisme, considérait M. Krühl avec une stupéfaction attendrie.

Chez Marie-Anne, on discutait le projet dans ses moindres détails.

― Où donc qu’i trouveront un équipage ? demandait Palourde. De Lorient à Concarneau je ne vois pas un matelot pour embarquer.

― I y’a tout de même du commerce à faire, opina Boutron, et puis tout est régulier. I y’a