Page:Mac Orlan - Le Chant de l’équipage.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
LE BAR DU « POISSON SEC »

son whisky par petites gorgées gourmandes.

― C’est bien combiné, déclara-t-il, avec fatuité, la fin est un peu brutale, je l’avoue ; mais en considérant ce que je vous ai dit, vous comprenez que je ne peux guère choisir une autre solution. Toutefois réfléchissez, avec votre aide par exemple… ça ne durera pas longtemps.

― Naon, Naon ! Cé né pas possiblé ! jé vous ai dit qué cé n’était pas possible !

― Vous réfléchirez ! Enfin vous êtes forcé d’avouer que l’aventure vaut la peine d’être tentée ?

― Ouais.

― Que les bénéfices sont certains… pour nous ?

― Ouais.

― Que les risques sont nuls, en dehors des risques communs à tous les navigateurs ?

― Ouais, ouais !

― Alors qu’est-ce qui vous arrête pour le petit coup de main que je vous demande… à la fin ?

― Ah, naon ! jé né peux pas ; jé suis capitaine à la mer, mais jé né veux me mêler de rien sur la terre ferme.

― Je n’insiste pas, mon vieux, il suffit que vous conduisiez le bâtiment, et, naturellement, suiviez mes conseils.

― Jé lé veux bien, mon cher ami. Jé vous faciliterai touté la besogne qu’un enfant la conduirait jusqu’au bout… Mais jé vous laisserai seul, le jour… Jé mé comprends.