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la langue s’entend, — et les meilleurs de ces livres de lecture courante que la librairie parisienne a produits en si grande abondance dans ces dernières années. Il était facile de juger la pensée qui avait présidé au choix des livres. On avait visé surtout à relever le niveau intellectuel des lecteurs, et la Bibliothèque était là le complément des cours.

Dans la salle voisine étaient empilés sur une table les envois de deux libraires du pays, attendant l’examen de la commission des livres. Des achats nouveaux ont lieu tous les mois : une souscription spéciale fournit les fonds.

— Ici, me disait l’ami qui m’accompagnait, ici tout est facile. Quand il faut de l’argent, il en vient.

C’est une grande chose que l’argent ; c’est, en dynamique sociale, une force précieuse qui permet de réaliser rapidement bien des conceptions utiles, d’avoir raison facilement de bien des obstacles. Mais il y a une chose plus grande encore, une force bien plus puissante : c’est l’amour intelligent de ses semblables et la volonté de faire le bien. Celle-là peut se passer quelquefois de l’argent pour agir ; l’argent ne peut jamais se passer d’elle ; et quand des hommes de bien mettent leur fortune au service de leur cœur, c’est la première qui réalise, mais c’est l’autre qui a tout le mérite.

J’aurais voulu ne citer aucun nom propre, pour ne pas choisir parmi tous les dévouements qui ont coopéré à l’œuvre de Guebwiller. Il en est un pourtant que je me reprocherais de tenir caché, celui de M. Jean-Jacques Bourcart, le frère du professeur de dessin. C’est lui qui a été l’âme de toute cette géné-