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arrière-pensées. Il est donc nécessaire d’indiquer en peu de mots les principes qui ont guidé la commission dans ses choix. Comme d’ailleurs tous les dons de livres qu’on sollicite de la générosité du public doivent se conformer à ces mêmes principes, il importe que chacun s’en fasse une idée bien nette.

Il y a différentes sortes de Bibliothèques publiques. Il en est qui s’adressent principalement à la classe lettrée : les livres y sont recueillis comme objets de curiosité et d’étude, comme productions de l’intelligence humaine. On en fait collection comme on fait collection d’objets d’art dans un musée, sans se préoccuper de leur valeur morale ou philosophique, de leur influence bonne ou mauvaise. Il est d’autres Bibliothèques plus spéciales encore : celles qu’on appelle paroissiales, parce qu’elles ne s’adressent qu’aux fidèles d’un même culte ; les Bibliothèques scolaires, qui ne s’adressent qu’à la jeunesse ; les Bibliothèques savantes qui ont pour but de faciliter les recherches des érudits. Quelle que soit pour toutes les classes de la société l’importance de ces institutions, comme elles n’ont les unes et les autres qu’une destination particulière, les principes qui les régissent n’intéressent pas la masse des citoyens, et leur direction échappe au contrôle public. Il n’en est pas de même des bibliothèques communales. S’adressant à tous indistinctement, elles ont éminemment le caractère d’institutions publiques, et comme telles elles sont soumises à des obligations plus rigoureuses. Chaque membre de la commune a sur la bibliothèque locale un droit d’examen. Il peut exiger que les livres qui la composent ne heurtent ni ses intérêts, ni ses opinions, ni