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L’ABBÉ

terre, parce que la saison ne permettoit pas de prendre l’air.

Après les premiers complimens, et qu’Angelique se fût fort étenduë sur ce qu’elle faisoit pour moi, dans une occasion, où il ne s’agissoit pas moins que de la perdre, je ne crûs pouvoir mieux lui répondre, qu’en commençant par lui mettre au doigt la bague dont il étoit question. Elle fit quelque difficulté d’abord de la recevoir ; mais enfin pressée par mes importunités, elle la prit, m’assûrant bien que ce n’étoit pas cela qui l’avoit renduë sensible pour moi. Si dans le moment elle m’eut demandé tout mon bien, je le lui eusse donné, tant j’étois coiffé de cette créature. Enfin le présent que je lui venois de faire, m’authorisant à quelqu’entreprise, je me mis en devoir de me contenter, et je fus reçû à bras ouverts sans la moindre résistance, ou du moins si peu, que cela ne fit que redoubler mes feux ; la place fut emportée d’assaut après plusieurs attaques, et elle répondit à mes ardeurs avec tant d’amour, qu’un Roi ne se seroit pas estimé plus heureux que je l’étois