Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
L’ABBÉ

sçavoit parfaitement bien le ramener. Elle s’y prit de la plus aimable maniére du monde ; et enfin le détermina à aller requérir ses Clercs, qu’elle avoit appris par son laquais être dans une débauche effroyable. Cela ne se pût faire qu’au soir ; nos drôles étoient dans la joye jusqu’aux yeux, lors que nôtre brutal étant entré chez Rousseau, ils lui firent tous les honneurs imaginables, lui donnérent un fauteuil, et le firent boire avec eux, quoi qu’il n’en eût guéres d’envie. Après toutes les remontrances écoutées avec toute la patience possible, le Bas-Normand l’interrompit, et lui dit nettement, que tous ses beaux discours n’aboutissoient à rien sans argent, ensuite il lui fit entendre ce qui étoit à faire pour les obliger à revenir chez lui, et enfin après leurs grimaces capables de faire mourir de rire les plus melancoliques, le Procureur promit tout, et l’exécuta : l’écot fut aussi par lui parfaitement bien payé, et ils s’en retournérent très joyeux de compagnie à leur Etude, où ayant compté les cinquante écus au Bas-Normand, le partage en fût fait