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L’ABBÉ

les esprits, et je le vis tout disposé à retourner chez Angelique, souhaitant qu’il lui arrivât pour le même prix une pareille avanture que celle de la nuit précédente. Je décachetai mon billet, et après y avoir changé peu de chose, je le renvoyai à Angelique, qu’il trouva prête à se mettre au lit. Elle dit à mon Laquais de revenir le lendemain à dix heures, et qu’elle lui donneroit sa rêponse : ce que m’ayant rapporté, je passai cette nuit avec encore plus d’inquiétude que la précédente, et l’amour faisoit sur moi des effets que je n’avois jamais sentis. Le jour à peine paroissoit, que je fis lever mon Laquais, et l’envoyai chercher ma mort ou ma guérison chez Angelique. Il eut beau me remontrer qu’il étoit de trop bonne heure, mais je le fis partir. Ce coquin qui se doutoit bien qu’Angelique ne seroit pas encore levée, et que c’étoit tems perdu, chercha, en attendant l’heure de l’assignation qu’elle lui avoit donnée, quelques camarades pour boire ensemble. Il trouva justement le Laquais d’un Procureur de la Cour, avec lequel il entra dans un cabaret,