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L’ABBÉ

que temps ensemble : trouvez bon, dit-il en prenant le Singe d’Aminte, que nous allions joüer ensemble dans la salle voisine, où effectivement il entra en le faisant sauter et ganbader, comme il avoit coûtume de faire.

Ormon et Aminte le suivirent, lui disant qu’il se trompoit, que sa venûë leur avoit fait tous les plaisirs du monde, et qu’il avoit tort de leur faire une pareille insulte. L’Abbé eût bien de la peine à les croire, il leur dit cent plaisantes choses, qui servirent beaucoup à dissiper les chagrins que tant de passions différentes venoient d’agiter dans leurs âmes. Le Singe parut s’efforcer à leur donner plus de plaisir que de coûtume, il vouloit absolument faire la barbe à Ormon, qui ne se trouvoit point du tout disposé à le souffrir : au contraire il le rebuta si fort, que le Singe se mettant en colere lui eut donné quelques coups de griffe après lui avoir fait cent grimaces, si Aminte, à qui il obéissoit au moindre signe ne l’en eut empêché.

Je voudrois, dit l’Abbé, pour cent pistoles avoir un pareil animal. Il