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L’ABBÉ

leur jeu, que le bon homme en fût la dupe jusqu’au dernier moment de sa vie. Voilà donc Aminte et Nico au comble de leur joye. Il ne s’agissoit plus pour vivre heureux que de prendre de justes mesures pour cacher leur intrigue ; c’est à quoi ils s’étudiérent uniquement, et y réussirent en perfection, sans qu’Ormon eût le moindre ombrage de son nouveau Secrétaire, qui se rendit par ses services si utile à son Maître, que par tout où il trouvoit occasion de parler de lui, il l’élevoit au-dessus de tous les meilleurs serviteurs de France. Cette grande affection servit beaucoup aux artifices de Nico, qui ne passoit pas un jour, sans entrer quelques heures en secret durant l’absence d’Ormon dans le cabinet d’Aminte, où il s’introduisoit par un escalier dérobé, et là il n’est point d’insulte qui ne fût faite à l’honneur du pauvre Mari par les deux Amans, qui ne s’oublioient en rien à profiter des précieux momens que l’amour leur procuroit. Ils ne se voyoient jamais assez ; et bien souvent oubliant qu’un Epoux est un dangereux concur-