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L’ABBÉ

sages fermérent la porte, et après avoir conté à Armant toute l’affaire, dont d’abord ils ne le crurent point coupable, ils le conjurérent avec la derniére instance de se taire, et de ne point donner à rire au public à leurs dépens, ce qu’il leur promit avec serment : mais ils ne laisserent pas que de s’appercevoir à ses mines, que cette pièce venoit de son imagination, et sans vouloir approfondir la vérité, ni songer davantage à la vengeance, étant un trop rude jouëur : ils ne lui en voulurent pas même faire aucun reproche, craignant tout de sa mauvaise langue. Ils lui firent au contraire bien des caresses ; et comme il n’y avoit pas moyen de défaire ce qui étoit fait, que le mal étoit sans reméde, ils prirent le parti de n’y plus penser ; personne n’avoit lieu de se plaindre dans cette occasion, puisque toutes choses s’étoient passées entre les maris et les femmes avec un avantage égal.

On essuya les pleurs des Epouses affligées, ensuite ils déjeunérent ensemble, et reprirent leur belle-humeur, comme si de rien n’étoit ; et l’on m’a assûré