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VICTOR HUGO.

Là s’achève l’admirable unité du génie dont nous venons d’étudier toutes les faces. À ne considérer que l’œuvre, l’explication est facile : la raison de cette unité est l’imagination du poète, et, partant de ce principe, nous avons pu démêler et relier tous les rouages de sa puissante organisation mentale.

On objectera, il est vrai, que le dernier mot de l’esprit non plus que de la nature n’est le mécanisme ; que nous n’avons, dans toute cette anatomie, saisi que la forme extérieure des choses, disséqué la feuille, l’écorce et le bois, décrit les branches, le tronc et les racines, sans atteindre la vie interne qui fait monter la sève et craquer l’enveloppe sous l’effort de la tension organisatrice. Qui songe à le nier ? mais l’excuse de l’analyse, c’est qu’elle seule fournit les éléments d’une divination, là où l’appréhension directe est impossible. Quoi que nous fassions, nous ne surprenons jamais les substances ni les forces, mais seulement des phénomènes et des lois : C’est assez pour la critique ; dans l’intuition du génie, le génie seul peut aller au delà.