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L’hydrogène des tubes avait produit ce résultat merveilleux, et quand, le soir, on demanda au jeune homme quelle en avait été la dépense, il répondit en souriant :

« Oh ! très minime, à peine quarante décimètres cubes ! » Quarante décimètres cubes ! Cela représentait un centimètre cube du même gaz à l’état solide. La découverte de Marc d’Ermont était contrôlée, l’expérience était faite. Avec quelques grains de ce miraculeux produit, on pouvait braver tous les hivers, et Hubert était autorisé à dire, renouvelant la formule d’Archimède :

« Donnez-moi un condensateur et je dégèlerai le pôle. »

Mais là ne devaient pas se borner les admirables résultats de la découverte. Pour utiliser les loisirs forcés de l’hivernage, le même Hubert mit tout l’équipage à contribution.

Le lendemain de l’essai, un véritable banquet eut lieu dans la salle à manger des matelots. La cuisine marcha à ravir. Que n’eut-on pas fait cuire sur des fourneaux où une seule flamme haute de 4 millimètres suffisait à développer une chaleur de 1800 degrés, qu’il fallait nécessairement modérer par une ingénieuse proportion des distances. On sait en effet que la combustion de l’hydrogène dans l’air donne la presque invraisemblable température de 1789 degrés, soit de 189 degrés supérieure à celle du fer en fusion.

Or, au cours du repas, tandis que les verres se choquaient gaiement et que les hommes, émerveillés, demandaient, en riant, qu’on leur donnât des vêtements de coutil, le docteur Servan fil cette remarque moins gaie :

« Heu ! heu ! ne parlons pas trop. J’ai observé quelques figures et quelques bouches, et elles m’ont donné l’assurance que nous devions redoubler de précautions hygiéniques. Si