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les articulations de l’armature de métal jouèrent sous la pression. Le 15 novembre, le capitaine Lacrosse, escaladant la ceinture de glaçons du navire, trouva celui-ci la quille hors de l’eau, littéralement suspendu à deux pieds au-dessus du niveau du champ. Des sondages pratiqués immédiatement le rassurèrent contre l’éventualité d’un échouage à perpétuité. La glace sous-jacente n’avait pas plus de 3 mètres d’épaisseur, et l’eau gardait au-dessous une température de 1 degré, par des profondeurs de 25 à 40 brasses.

Le 25 novembre, le niveau du froid tomba au gel du mercure et l’on dut recourir aux thermomètres et aux baromètres d’alcool pur. Les jours suivants, on obtint des températures encore plus effroyables, et le 22 décembre, après une hausse considérable de la colonne thermométrique (— 22°), le froid parvint au minimum constaté rarement par les explorateur, c’est-à-dire à 56 degrés au-dessous de zéro.

Telle en fut l’intensité que quelques-uns des hommes en subirent de graves atteintes. Il fallut procéder à l’ablation de deux doigts de la main gauche du matelot breton Le Clerc. Quatre autres s’alitèrent, pris de soudains dérangements d’entrailles.

Mais le cas le plus alarmant fut celui de la nourrice Tina Le Floc’h.

La Bretonne, habituée au climat humide et doux de son pays, n’avait pu se faire à ces grands froids abominables, d’autant plus que ces froids ne sont pas exclusifs de l’humidité sous les latitudes extrêmes. La moindre omission ou interruption dans le service entraîne sur-le-champ des conséquences funestes. Que l’on néglige de racler les planchers, et tout de suite ils se recouvrent d’une couche de verglas ; que la cha-