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reçurent à la station les remit promptement sur pieds. Chose singulière, ce fut Guerbraz, le plus robuste de la troupe, qui eut le plus à pâtir de cette expédition ; il eut l’oreille gauche en partie gelée.

À tour de rôle, les diverses escouades s’élancèrent, les unes vers le nord, les autres dans la direction de l’ouest. On fut assez heureux pour rapporter quelques kilos de viande fraîche, qui renouvelèrent avantageusement la carte des repas. En effet, le pemmican et le pain comprimé avaient rapidement lassé les palais et les estomacs.

L’hiver et la grande nuit condamnèrent les voyageurs au repos. On ne pouvait prétendre à emporter le luminaire indispensable à l’éclairage de la route, et le chemin à travers les fondrières des hummocks offrait trop de dangers. L’ordre du jour fut donc réglé d’après les avis donnés par les rapports des précédents hivernants : on demeura au foyer.

Aussi bien l’ouvrage n’y manquait-il point. On n’avait pas trop à faire de veiller à la sécurité du logis, sans cesse menacée par les tourmentes du sud-est. L’hiver, malgré ses froids excessifs, fut troublé par des retours de courants chauds, et la vue d’assez nombreuses allées d’eau dans le pack permit aux voyageurs de reconnaître l’exactitude des présomptions selon lesquelles la mer du Grœnland serait plus libre que celles de Barentz ou du Nord-Amérique. Manifestement quelque branche du Gulf-Stream fouille profondément ces hautes latitudes et rend toujours possible la dislocation des glaces.

Merveilleusement encaquée dans sa gangue d’icebergs, l’Étoile Polaire n’eut point à souffrir des poussées du large. Son berceau de fer s’acquitta très bien de ses fonctions, et